Les abus dans la restauration : un problème systémique

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Entretien avec Hadrien Clouet

Hadrien Clouet, député de la 1ère circonscription, est convaincu que les abus dans la restauration ne sont pas isolés mais généralisés. Il a lancé une initiative pour enquêter sur ce phénomène.

Un problème systémique

Le député nous explique qu’il a été conduit à lancer cette initiative grâce à trois expériences. D’abord, les analyses académiques qui ont montré que les abus ne sont pas isolés mais généralisés. Ensuite, son expérience parlementaire où il a accompagné des salariés aux prud’hommes et vu de près leurs difficultés. Enfin, au sein même de son équipe, plusieurs collaborateurs viennent du secteur et lui ont apporté des témoignages directs.

Les objectifs de la commission d’enquête

  • Giver de la visibilité à la parole des salariés et des collectifs
  • Organiser les rencontres entre collectifs, syndicats et inspecteurs du travail pour créer un réseau de défense des droits
  • Exercer pleinement le rôle de contrôle du Parlement, face à l’inaction du gouvernement
  • Convaincre suffisamment de députés de signer la demande pour que la commission puisse voir le jour

Le diagnostic sur le secteur de la restauration

C’est un secteur d’illégalisme majeur. La loi existe mais n’est pas toujours appliquée, et parfois même contournée par les politiques publiques. L’inspection du travail est affaiblie, les politiques migratoires précarisent volontairement la main-d’œuvre, la formation professionnelle ignore le droit du travail, et la proximité entre pouvoirs publics et patronat protège les employeurs.

Les conséquences de cette situation

  • Un tiers des salariés quittent la restauration chaque année
  • 40% des apprentis abandonnent leur formation
  • Le taux de rotation est unique en France

Solutions concrètes

La commission d’enquête est l’outil central, car elle obligera les patrons à témoigner sous serment. Mais il faut aller plus loin et introduire le droit du travail dans la formation des apprentis, renforcer l’inspection et la médecine du travail, conditionner l’accès aux marchés publics au respect des droits sociaux, rendre la convention collective claire et accessible en ligne, et soutenir politiquement les collectifs de salariés.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Nous avons une stratégie en trois temps. D’abord, un grand colloque pour mettre en lumière la parole des salariés et renforcer les réseaux. Ensuite, une relance de la campagne de signatures auprès de tous les députés, appuyée par les collectifs qui iront voir leurs élus. Enfin, un objectif clair, celui d’obtenir l’ouverture de la commission d’enquête avant Noël.

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