Le Jazz et la Contre-Culture

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Finalement, c’est en raison de sa capacité à rester lui-même que le jazz fascine. Il nie toute une culture classique qui n’est pas la sienne en faisant primer la spontanéité sur l’ordre, en prônant un apparent désordre.

Il reste, à l’image des pulsations qui fixent sa trajectoire, une musique de contestation, une insoumission à la mesure.

« (L’œuvre jazziste) évolue en prenant appui sur un présent parfois gros de passé pour s’élancer dans l’avenir » – Alain Gerber (« Le jazz et la pensée de notre temps, Les Cahiers du jazz).

Les musiciens ont inventé une nouvelle manière de jouer et se sont sans cesse remis en question. A chaque fois que des conventions s’installent, des musiciens redonnent sa place au désordre, forme de destruction créatrice Schumpetérienne dont le charme est de renverser l’ordre ancien pour en inventer un nouveau.

Louis Amstrong, Duke Ellington, Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Thelonious Monk, John Coltrane et Miles Davis ont permis à leur art de se renouveler sans cesse. Si certains se sont parfois perdus dans les pièges de la commercialisation, les grands jazzmen sont toujours revenus à la prise de risque, à savoir, à la scène, dénonçant ainsi l’idée selon laquelle toute œuvre serait marchandise.

La représentation l’emporte sur la répétition. Paradoxalement, le jazz questionne la musique en évoluant constamment dans les marges d’un système dont il fait partie. De nombreux phénomènes ont rythmé l’histoire du jazz : essor d’une contre-culture et de contre-valeurs, empreints à la « culture de l’ennemi », entreprise médiatique de contre morale à l’image de l’action des entrepreneurs de morale, passage d’un système de valeurs à un autre.

Les joueurs de jazz ont réussi à imposer au monde une musique partie de presque rien et impure par essence pour porter une conscience solidaire. Ils l’ont transformé en un symbole de modernité tout en le positionnant comme une critique active de cette même modernité du 20ème siècle.

Si le jazz ne veut pas s’éteindre au 21ème siècle, il doit encore se réinventer sans jamais oublier que la résistance à une industrie culturelle anesthésiante se fait et se fera toujours sur la scène et « On The Road » pour faire référence à Jack Kerouac rebaptisé le « Jazz Poet ».

« Les fous, les marginaux, les rebelles, les anticonformistes, les dissidents…tous ceux qui voient les choses différemment, qui ne respectent pas les règles. Vous pouvez les admirer ou les désapprouver, les glorifier ou les dénigrer. Mais vous ne pouvez pas les ignorer. Car ils changent les choses. Ils inventent, imaginent, explorent, ils créent, inspirent ; ils font avancer l’humanité.

Là où certains ne voient que folie, nous voyons du génie. Car seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde y parviennent. » Jack Kerouac

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